Un matin pas comme les autres. En effet, 4
cavaliers quittent le ranch des Maragnènes pour un périple qui durera
10 jours, le Tour du Mont-Blanc, une première! Pierre, de
Plan-Les-Ouattes, avec Morillon, Laetitia, de Chailly, avec sa jument
Liane, Christine avec Kathy et Roger avec Farce. Cette première journée
ensoleillée nous conduit par les berges du Rhône et les vergers jusqu'à
Martigny, avec une pause de midi à Riddes. Nous chevauchons à un
rythme tranquille, car comme dirait l'adage "chi va piano va sano e
lontano" !! Et justement nous allons loin… enfin… nous l'espérons!
Au Ranch el Capio à Martigny, où s'achève notre première étape, les
douaniers nous attendent pour inspecter les chevaux et délivrer les
papiers nécessaires pour franchir la frontière. Deux autres cavaliers
nous ont rejoint, Isabel et Gégé, avec leurs montures Abricotine et
Black, deux Appaloosa sympas

Ce
matin, nous traversons sous un soleil radieux Martigny et rencontrons
les premières petites difficultés, comment rejoindre le bord de la
Dranse avec ces barrières et ces propriétés privées? Qu'à cela ne
tienne, nous empruntons la route. Dès la sortie de la ville, une première
montée raide par un ancien chemin nous fait suer à flots. A mi-chemin
vers le Col de la Forclaz, nous nous arrêtons dans un coin ombragé
pour reprendre des forces grâce au savoureux pique-nique que Chantal a
préparé à notre intention. C'est là que Gégé commence à souffrir
de ses "socquettes", souffrances qui, d'ailleurs, ne le
quitteront plus pour le reste de la randonnée. Nous reprenons notre
ascension, le chemin est moins pentu, heureusement. Arrivés à l'alpage
au sommet du Col de la Forclaz, nous nous arrêtons pour prendre un
petit verre avant de redescendre de l'autre côté, vers Trient et le
refuge qui nous accueille pour cette seconde nuit. De là, nous avons
une vue imposante sur le glacier du Trient, magnifique amas de glace
contrastant avec le bleu du ciel. Le seul autre hôte du refuge, un
singulier professeur de français, est tout intrigué par notre façon
de parler. Julien, notre ravitailleur, nous a apporté un délicieux
souper préparé par Chantal. Nous allons ensuite souhaiter une bonne
nuit à nos chevaux attachés non loin de là, et allons à notre tour
dormir
Ce
matin, nous avons de gros préparatifs; il faut en effet charger sur le
dos de notre cheval tout ce dont nous aurons besoin durant les quatre
prochains jours. C'est fou ce que les sacoches semblent petites dans ces
moments-là… Départ à 8 heures pour l'ascension du Col de Balme. Le
premier bout se fait à pied, le sol étant jonché de grosses pierres.
Quelle grimpette ! Et Roger, quelle condition !! Heureusement, plus
haut, l'escarpement est plus faible et la marche moins pénible. Nous
atteignons le sommet du Col de Balme vers 10 heures, et sommes frappés
par la première apparition du Mont-Blanc, en face de nous, magnifique,
imposant, revêtu d'un manteau de neige immaculée, se profilant sur le
ciel toujours aussi bleu. Il semble difficile de croire que nous allons
en faire le tour!! Une borne parterre nous indique que nous avons
franchi la frontière de la France. Maintenant il faut descendre vers Le
Tour. En chemin, nous rencontrons des chevaux en liberté. Un fier étalon
pie nous suit en indiquant clairement que nous ferions mieux de déguerpir.
La dernière partie de la descente est extrêmement escarpée, et c'est
avec des jambes de coton que nous parvenons au fond de la vallée, dans
le charmant village du Tour. Nous pouvons enfin nous mettre en selle et
continuer par un petit chemin dans la forêt, le long du flanc de la
vallée, le Balcon Nord, vers Argentière. Nous y arrivons vers 15
heures et sommes reçus au manège chez Anne et Stéphane pour la nuit.
Nos chevaux sont installés dans des parcs spacieux où ils peuvent se défouler,
se rouler et se reposer. Quant à nous, nous devons encore marcher
"5 minutes" jusqu'à l'Hôtel des Randonneurs. Un bon rôti,
une bonne Mondeuse (!), rien de tel pour se remettre d'une belle journée
d'efforts! C'est avec soulagement que nous plongeons dans les bras de
Morphée…
Réveil et petit déjeuner vers 6 heures, tout ça à 6 dans un dortoir,
pas évident pour ceux qui aiment se réveiller en douceur. Nos chevaux
nous attendent pour leur toilette, petit déjeuner et paquetage. Nous
reprenons le Balcon Nord dans la forêt, descendons sur les Iles où
nous devons traverser l'Arve par un petit pont très étroit.
Heureusement que nos chevaux en ont vu d'autres, ils franchissent cet
obstacle sans ciller. Notre chemin continue par la "Promenade de
l'Arve", un joli chemin dans la forêt, interrompu à plusieurs
reprises par des passages "techniques" de petits ponts que nos
chevaux franchissent également sans s'émouvoir. Nous débouchons à
Chamonix par le Balcon Sud et faisons une courte halte au
"Savoyard" pour boire un petit café. Il n'y a pas de temps à
perdre, notre journée est loin d'être achevée, nous reprenons donc
notre route en direction des Houches. De là, nous attaquons une
ascension infernale du Col de Voza. Quelle désespoir, ce chemin raide,
dépourvu de contour, qui grimpe, qui grimpe… et dont on ne voit pas
la fin! Et comme le soleil ne nous a toujours pas abandonné, quelle
chaleur! Pour reprendre haleine, nous pique-niquons à mi-chemin, à
Maison-Neuve. Un bonheur indescriptible s'empare de nous lorsque enfin
nous atteignons le sommet, à 1659 mètres, et que nous pouvons nous désaltérer
à la buvette. Comme il ne faut pas abuser des bonnes chose, nous amorçons
la descente, aussi pentue que la montée, vers Bionnassay. Nous
traversons la rivière, nous remettons en selle, et continuons notre
route à travers les alpages. Nous remontons les Gorges de la Gruvaz par
le Chemin des Ecoliers et plongeons jusqu'à Quy. Une descente rude, le
Chemin des Chevreuils, nous conduit à la Villette puis à Champel. De là,
nous passons par la forêt, puis la route, pour enfin arriver à
Contamine-Monjoie (1164m). Aux Pontets, Bernard, notre hôte de ce soir,
est venu en vélo à notre rencontre. Quelle étape!! 11 heures de
route, ça mérite un petit bain, nous amenons donc nos chevaux à la
rivière où ils peuvent se délecter d'un bain de pied bienfaisant.
Ensuite, Bernard, d'une main de fer, dirige la suite des opérations:
douche des chevaux, préparation des parcs et de la nourriture,
rangement du matériel et apéro. Il dispense également de précieux
conseils à Isabel pour atténuer les débuts d'une pression chez
Abricotine. Une fois les chevaux prêts pour la nuit, nous nous rendons
tous au restaurant où Dédé, Béatrice et leurs enfants nous attendent
pour le souper. Le couvre-feu ne tarde pas, nous sommes bientôt tous
couchés au camping des Pontets, exténués par une journée riche en
images mais également en efforts.
Ce matin, nous changeons provisoirement de guide, Bernard s'empare du
commandement de notre groupe. Après des directives très précis afin
d'éviter tout problème, il nous fait gravir la Voie Romaine à cheval,
nous évitant ainsi une pénible montée à pied. Merci Bernard! Après
nous avoir souhaité bonne chance, il rebrousse chemin et nous laisse à
notre ascension du Col de la Croix du Bonhomme. Un petit café nous
ragaillardit au Refuge de la Balme, avant de reprendre l'exténuante
grimpette vers ces deux pics, le Bonhomme et la Bonne Femme, qui
semblent si éloignés. En passant au pied d'un tumulus (déf. Hachette: grand tas de pierres que certains peuples anciens élevaient
au dessus de leurs sépultures) nous marquons un arrêt pour étudier
le passage d'un immense névé. Aucun problème, nous franchissons aisément
cet obstacle. La montée continue, et nous voilà après quelques
efforts (inhumains pour certains) au sommet du Col du Bonhomme à 2329 mètres.
Dédé et son fiston nous ont rejoint juste avant le sommet, à un
passage très délicat, le chemin étant pavé de plaques de rochers nécessitant
parfois de grandes enjambées de la part de nos chevaux. Nous
pique-niquons en redescendant, et parvenons au fond de la vallée, à
Chapieux, où Béatrice et Fanny nous attendent pour un rafraîchissement
au "Montagnard". Depuis là, nous entrons dans une nouvelle
vallée par une route goudronnée. Un panneau nous intrigue:
"viabilité incertaine"… Bon, nous en tous cas, nous avons
survécu… Le refuge des Motets est très accueillant, le panorama au
clair de lune stupéfiant, nous y passons une excellente soirée et une
bonne nuit réparatrice.
Ce
matin, nous gravissons le Col de la Seigne (2610m), et par la même
occasion nous franchissons la frontière italienne. La descente nous
fait déboucher dans le Vallon de la Lex Blanche. Le paysage, chemin
faisant, est presque lunaire: des arbres tordus et penchés dans la même
direction, une couronne de montagnes enneigées, le lac de Combal, aux
eaux claires et scintillantes. Par contre, quel monde sur les chemins!!
Plus loin, nous traversons le Val Veni et pique-niquons à l'ombre dans
une forêt. Pour digérer, nous descendons à pied au fond de la vallée
sous une chaleur de plomb et aboutissons près de l'entrée du tunnel du
Mont-Blanc. Nous abreuvons nos chevaux à Entreves et amorçons la montée
en direction du Val Ferret. Quelle canicule!! Nous arrivons à l'Hôtel
du Lavachey, où nous profitons de la rivière pour offrir un bain de
pied aux chevaux. Quel confort, cet hôtel! Nous partageons trois
chambres, isolons ainsi les ronfleurs, et après un repas délicieux et
une bonne bouteille de Barbera, filons au pays des songes.
Départ
à 8h15. Nous longeons la route du Val Ferret, encore à l'ombre, et
attaquons la montée du Col du Grand Ferret. Depuis la cabane Elena, le
chemin devient incertain et très abrupt, nous devons donc continuer à
pied. Pfff, encore une grimpette inoubliable! Nous parvenons au sommet
du col à 10h50, où nous ne nous attardons d'ailleurs pas car un vent
glacial transperce nos habits, brrr… Nous redescendons donc quelque
peu avant de nous arrêter sur un joli replat pour le pique-nique et la
sieste. Il est difficile de résister au sommeil en observant un
troupeau de moutons à la queue leu leu franchir des ravins et des éboulements
sur le versant de la montagne d'en face… 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - zzzz….
Ayant repris notre chemin, nous arrivons à l'alpage de la Peule où les
bergers nous servent un verre. Encore un petit effort, et nous voilà à
la Fouly, d'où nous remontons vers la Cabane de la Lèchère. Quel
confort, et quel bon souper, miam miam… Nous retrouvons enfin Julien,
et avec lui des habits propres et toutes les affaires que nous n'avions
pas pu emporter avec nous. Quel enchantement !
Nous partons à pied pour descendre le Val Ferret. En route, de bien
jolis villages, des anciens mayens, la visite du Mai à Paz-de-Fort, et,
la chaleur nous y contraignant, l'apéro au buffet de la gare à Orsière.
Nous repartons par la piste Vita et les routes agricoles pour arriver à
Vollèges après avoir traversé la Dranse sur un pont franchement
bringuebalant… A l'entrée du Val de Bagnes, nous pouvons déjà voir,
tout en haut, Verbier où notre étape s'achèvera. Depuis le Châble,
nous montons donc vers Verbier par l'ancien chemin. Julien nous attend
au manège, avec un bon souper et la fameuse mousse aux framboises de
Chantal. Nous nous retrouvons sur la paille pour une bonne nuit de
sommeil, bercés par les ronflements équins et humains...
De Verbier, nous grimpons en direction de la Croix de Coeur, à travers
les alpages, et apprécions une vue époustouflante sur le massif du
Mont-Blanc. Vu d'ici, nous avons toujours de la peine à réaliser que
nous avons réellement effectué le tour complet de ce fameux massif, il
semble si lointain et si vaste! D'autres montagnes s'offrent à nos
yeux: les Alpes Bernoises, les Dents du Midi, les Combins, etc. Une
longue entracte panoramique s'impose donc à la Croix de Coeur. Bientôt,
nous reprenons la descente (ou plutôt la plongée…) vers les Mayens
de Riddes, où une petite pause "myrtilles à la crème" n'est
pas de refus après un telle dénivellation! Nous traversons ensuite la
Forêt Verte, pique-niquons au bord de la Farha au dessus d'Isérable
avant d'attaquer la dernière montée interminable de notre expédition.
En route, nous ne pouvons nous empêcher de faire une petite halte chez
notre amie Lina aux "Rives du Bisse", avant de grimper jusqu'à
la Cabane de Balavaux, où Angèle nous accueille avec son habituelle
cordialité. Pour la première fois depuis notre départ, le ciel se
couvre ce soir, et des éclairs zèbrent la voûte céleste, tandis que
de terribles coups de tonnerre retentissent. A l'intérieur, la soirée
bat son plein, tout le monde danse, valse, polka, tango… Balavaux
c'est super!!
Notre randonnée touche à sa fin, une légère mélancolie plane dans
l'air, même le ciel semble accablé et s'est assombri. Il ne pleut pas
mais la température a chuté. En guise d'échauffement, nous dansons
une dernière polka à la cabane, avant de nous mettre en route. Nous
descendons vers Siviez, où nous nous offrons une bonne fondue chez
Edith au Vieux Nendaz, puis nous continuons notre descente vers
Lavanthey, Beuson. Les chevaux ont réalisé qu'ils approchaient de l'écurie.
Quelques petits galops endiablés nous le confirment. Vers 17h, nous
arrivons au ranch, sans tambour ni trompette, la tête pleine d'images,
le coeur lourd d'avoir déjà terminé la randonnée. Un bon gâteau aux
framboises nous attend: "Bravo ceux du Mont-Blanc". Merci
Chantal! Et merci Roger pour toute la préparation de cette aventure,
pour la patience quand certains n'en pouvaient plus, quand d'autres
avaient des petits bobos. Merci Julien pour tes ravitaillements dans la
bonne humeur et pour les leçons de valse. Merci Dédé et Béa pour la
visite et les antidotes. Et n'oublions pas, merci au soleil pour son
omniprésence pendant neuf jours!
|